Haro sur le phishing, place au "filoutage" !

le 08/09/2009 à 23:21
Haro sur le phishing, place au "filoutage" !
« Arrivé sur la Toile d'araignée mondiale, je me connecte à un serveur mandataire quand mon système d'exploitation exclusif m'informe par l'intermédiaire d'une fenêtre intruse qu'une opération de filoutage pourrait bien être en cours. Dans le même temps, j'ai le sentiment que ma zone de permutation sature : une nouvelle fois, je vais devoir clicher la base de données sur laquelle je travaille (consacrée aux écotechniques de l'information et de la communication) pour réamorcer ma machine. J'en profiterai pour vider mon cache-toile, puis j'irai sur un forum échanger des frimousses avec les autres internautes, en espérant ne pas tomber dans une zone de messages incendiaires.  »

Vous avez le sentiment de ne rien y comprendre ? Et pourtant, ce message est écrit en bon français, qui respecte scrupuleusement les recommandations de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, qui dépend du ministère de la Culture. A l'aide d'une plaquette (PDF) distribuée depuis le mois d'août, cette dernière espère faire comprendre aux amateurs d'informatique qu'il vaut mieux faire appel à des termes français plutôt que de systématiquement recourir à des anglicismes.

Pourquoi créer de toute pièce des néologismes tels que "filoutage" alors que les internautes font déjà usage du terme phishing ? Pour la Délégation générale à la langue française, il importe que le Français sache refléter toutes ces nouvelles notions que fait naitre l'environnement informatique. Ainsi hacker doit devenir fouineur, et le ver doit remplacer le worm.

Il en va de la richesse de la langue, explique la délégation. Puisque l'environnement informatique fait naitre quantité de nouvelles notions et de nouveaux termes, il importe que le Français sache les refléter, autrement qu'en empruntant des termes anglais. « Pour demeurer vivante, une langue doit être en mesure d'exprimer le monde moderne dans toute sa diversité et sa complexité », explique-t-elle : « les professionnels doivent pouvoir communiquer dans leur langue de façon précise, les traducteurs traduire correctement en français les textes techniques, les citoyens s'approprier ces réalités, souvent très complexes, dans leur langue ».

Autrement dit, créons nos propres mots plutôt que de nous contenter de reprendre ceux qui viennent de l'anglais, particulièrement dans les domaines techniques, où le nombre de termes étrangers compris des seuls spécialistes est très important. C'est la mission de la Commission générale de terminologie et de néologie, placée sous l'autorité du Premier ministre, qui publie régulièrement ses recommandations au Journal Officiel. De ce fait, les institutions étatiques ont alors l'obligation théorique d'utiliser les termes ainsi créés, de façon à favoriser leur adoption par le grand public. Un combat vieux de plus de 35 ans !

Reste la question de la valeur d'usage. Aujourd'hui, le texte suivant paraitra sans doute bien plus clair aux habitués de Clubic que celui que nous proposions plus haut : « Arrivé sur le World Wide Web, je me connecte à un proxy quand Mac OS X m'informe par l'intermédiaire d'une pop-up qu'une opération de phishing pourrait bien être en cours. Dans le même temps, j'ai l'impression que ma zone de swap sature : une nouvelle fois, je vais devoir dumper la base de données sur laquelle je travaille (consacrée au Green IT) puis rebooter ma machine. J'en profiterai pour vider mon cache Web, puis j'irai sur un forum échanger des smileys avec les autres internautes, en espérant ne pas tomber dans une zone de flame. »

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